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Comment choisir son papier aquarelle ?

Aujourd’hui je vous propose un article de blog sur le papier à l’aquarelle (une version courte existe ici)  : comment le choisir, la différence entre papier cellulose et papier coton, quelques tests personnels ainsi que des conseils. Pour finir je répondrai à la question fatidique  : comment savoir qu’un papier supportera l’aquarelle ? Et je vous partagerai mes papiers préférés !

Tout d’abord on va commencer par la base  : le papier pour peindre à l’aquarelle n’est pas le même que celui pour dessiner ou pour imprimer ! Il faut tout d’abord qu’il soit épais et qu’il soit fabriqué pour l’aquarelle. Autrement dit, le papier doit être légèrement “imperméable” car il faut qu’il absorbe l’eau et la couleur, et donc les pigments, mais pas qu’il fasse buvard.

Donc venons-en aux critères de sélection pour du papier aquarelle :  grammage, grain et couleur du papier aquarelle et matière/composition. En fin d’articles je vous donne quelques astuces et infos bonus.

Le grammage du papier aquarelle

Le grammage du papier se réfère à sa “force” ou “densité”. Cela permet d’évaluer sa qualité et sa résistance. Pour peindre à l’aquarelle, il faut choisir un papier de grammage compris entre 250 g/m² et 300 g/m². Il faut comprendre que plus le papier a un grammage important, plus il sèche lentement et moins il aura tendance à gondoler. C’est exactement ce qu’on recherche à l’aquarelle.

Il existe également des papiers aquarelles de 180g, je ne les recommande que si vous prévoyez de faire des petites touches d’aquarelle avec peu d’eau et de les fixer. Le 600 grammes ne me semble pas indiqué pour des débutants.

Texture et grain

Le grain du papier se choisit selon vos goûts. Il existe beaucoup de types de grain parmi lesquels les plus connus sont le grain satiné ou satin (qui est très lisse), le grain fin et le grain torchon. Il faut essayer pour savoir ce que vous aimez comme texture mais généralement, pour du travail fin, on utilise des grains fins ou satinés. Tandis que le grain torchon va convenir à des travaux plus abstraits. Ceci étant dit, les grains satinés sont souvent difficiles à prendre en main car ils sèchent très rapidement et ne sont pas très indiqués pour le travail de fusion des couleurs. Pour débuter, un grain fin c’est très bien. Par contre, si vous avez envie de mettre en valeur la granulation de vos couleurs, c’est vers le grain torchon qu’il faut se tourner. 

Couleur du papier

La couleur est un paramètre qu’on prendra en compte selon le projet mais qui, selon moi, importe peu quand on débute. Blanc, blanc cassé, blanc chaud ou blanc froid… Tout ça est une question de goût encore.

Quand on peint à l’aquarelle, le blanc c’est avant tout celui du papier (les zones qu’on ne peint pas). Et comme l’aquarelle est transparente, la couleur du papier va influer sur le rendu et la luminosité de vos couleurs.

Feuille, carnet ou bloc ?

Quand on se rend dans un magasin de loisirs créatifs ou beaux-arts, les papiers sont présentés de plusieurs façons  : papier en bloc, à la feuille (voire format carte postale) ou en sketchbook/carnet.

  • Si vous débutez, les blocs peuvent être intéressants mais ils sont assez onéreux. Les blocs à quatre côtés collés ont l’avantage de maintenir le papier en place, comme si votre papier était tendu, et cela évite à celui-ci de trop gondoler. C’est aussi une contrainte car il faut attendre que l’aquarelle soit sèche pour pouvoir en peindre une suivante (et donc décoller le papier).
  • Le sketchbook fait main, ou le carnet d’aquarelle, est plus onéreux. Personnellement, j’achète du papier que je relie moi-même pour mes carnets d’aquarelle. J’ai d’ailleurs proposé un tutoriel de reliure copte sur la chaîne Youtube (pour un carnet qui s’ouvre à plat c’est plus pratique pour l’aquarelle) ! Le carnet est cependant facile à emporter. Si vous êtes sûre de la qualité du papier cela peut être une bonne option pour peindre à l’extérieur ou en voyage.
  • Acheter le papier aquarelle à la feuille demande de tendre son papier soi-même ou de choisir de ne pas le faire si on travaille avec peu d’eau. Vous pouvez acheter de très grands formats comme le format raisin (50×65 cm) ou Jésus (56×76 cm) et découper vous-même la feuille à la taille qui vous convient. C’est plus de liberté, plus économique (4 à 6 euros la feuille) mais aussi plus de main d’œuvre ! 

Personnellement, je recommande aux débutants de commencer par l’achat d’une feuille de papier aquarelle en grand format. C’est bien moins cher qu’un carnet qui finira probablement gâché s’ il ne vous plaît pas.

Est-ce que le papier coton ça vaut le coup quand on débute ?

Du coton dans le papier ?

On en vient à la matière et à la composition, sûrement le point le plus important dans le  choix du papier. 

Un peu avant, je vous expliquais qu’il n’y a pas que le grammage qui compte pour du papier aquarelle. En effet, ce qui importe c’est aussi sa composition. Un papier 300 grammes d’une marque n’est pas équivalent à un papier 300 gr d’une autre marque…

Il y a de nombreuses compositions différentes mais en gros, soit c’est du papier qui contient du coton soit il n’en contient pas, et à ce moment-là c’est du papier cellulose. Bien sûr il existe d’autres choses à tester : lin, bambou, mélange coton/cellulose, mélange lin/coton, etc.

Néanmoins, pour simplifier, du papier 100% coton, c’est certes plus cher mais c’est aussi un des meilleurs choix pour travailler l’aquarelle.

Oui, ça vaut le coup !

C’est difficile à expliquer à quelqu’un qui ne peint pas sur du coton mais le papier coton ça change TOUT. Même si vous débutez, penchez-vous rapidement sur le papier coton (achetez-en une feuille comme je l’explique plus haut). Après avoir pratiqué 3 ou 4 fois une même technique sur cellulose, passez au coton, et comparez !

Ma préférence pour le coton est liée au confort également, et à la sensation du pinceau sur le papier. J’ai appris plus rapidement des techniques comme les fusions des couleurs et des techniques mouillé sur mouillé car la diffusion des pigments est plus belle et plus efficace. L’aquarelle sèche moins vite, ce qui permet de travailler et de prendre le temps. Un beau lavis uniforme sans traces de pinceaux est très difficile à obtenir sur du papier cellulose.

Autre point positif pour le coton, on peut multiplier les couches de peinture et faire des glacis et éviter de réactiver les couches du dessous.

Le coton permet aussi d’éviter que le papier ne gondole en séchant… D’ailleurs, le séchage est également plus uniforme. Les auréoles sont plus fréquentes sur le cellulose à mon avis… Et c’est très frustrant quand on débute car on ne comprend pas toujours d’où viennent les auréoles.

Comme beaucoup de débutants, j’ai moi-même commencé sur du papier pas trop cher et souvent du cellulose. Je n’aimais pas d’ailleurs les discours sur “il faut du papier coton” que je trouvais élitiste. Le meilleur conseil qu’on m’ait donné, c’est celui-ci : peu importe l’aquarelle, peu importe le pinceau, prends du papier 100% coton de qualité.

La différence entre les papiers “aquarelle” et “mixed media”

D’après mon expérience et mes recherches, la grande différence entre les papiers mixed media ou multi-techniques et les papiers pour aquarelle, c’est le temps de séchage et l’épaisseur, ils sont souvent plus fins. Quand on peint à l’aquarelle on a généralement besoin d’un temps de séchage allongé pour travailler comme on le souhaite la couleur, et qu’elle n’imprègne pas le papier en faisant des traces de coups de pinceaux.

Expérimentez et ne vous enfermez dans aucun carcan. Mais : commencez rapidement par du papier 300 g/m² en 100% coton de bonne qualité (pH neutre ou sans acide, fabriqué sur forme ronde…)! C’est le papier qui est le plus important. Ni la peinture artisanale ou industrielle, ni le pinceau pour aquarelle, de la meilleure qualité qu’il soit, ne changeront quelque chose au résultat de votre peinture si votre papier est en cellulose ou en coton de mauvaise qualité. Sans parler du résultat, il y a aussi l’expérience : un retrait de peinture plus facile, un séchage moins rapide, une glisse du pinceau sur le papier…

Le collage 

information optionnelle mais qui a son importance quand on se lance dans l’aquarelle à un niveau plus avancé : le collage.

Quand on est débutant, on ne va pas forcément avoir l’intérêt ou l’œil pour ce critère, mais c’est pourtant très important car ça fait totalement écho à mes propos précédents sur la composition. 

Le collage, c’est un traitement qui permet aux fibres du papier de bien absorber l’eau et les pigments. Sans ce traitement, on a justement l’effet buvard. Le traitement est parfois à base d’amidon, de gélatine ou synthétique. Il peut être appliqué durant la fabrication de la feuille, ou après, sur une face, ou sur les deux. 

Ce traitement, appelé collage, a une “durée de vie”. Je l’ai appris à mes dépends en stockant du papier dans un endroit humide.

En l’occurrence, en mouillant recto verso mon papier et en le tendant, j’ai réussi à récupérer une qualité et un confort de peinture. Mais cela m’a appris à ne pas surstocker le papier et surtout à le stocker à l’abri de l’humidité.

Je précise également une chose que l’on ne sait pas souvent, c’est que ce traitement n’est pas fait forcément des deux côtés du papier. Même si c’est le cas sur la plupart, veillez à faire attention à utiliser le bon côté du papier lorsque ce n’est pas le cas.

Enfin, il faut savoir que tous les papiers ne supportent pas de la même manière le fluide de masquage, la gomme et même la gomme mie de pain ou le travail à la plume. 

Petit bonus numéro 1  : mon papier fait des traces blanches quand je peins !

Si quand vous peignez, vous avez l’impression que le papier rejette la couleur, voici une des causes : c’est possible si le collage est mal fait ou si le papier a pris trop de traces de doigts.

C’est un peu embêtant, et personnellement, j’ai renoncé à acheter certains papiers à cause de ça, comme une marque que je ne citerai pas mais qui, en promotion dans un magasin connu, est de très mauvaise qualité.

Mes astuces si ça arrive avec le coton ? Tendre le papier et le mouiller, comme je l’expliquais avant. Sinon, hélas, j’arrête juste d’acheter ce papier…

Bonus numéro 2  : comment savoir si notre papier va supporter l’aquarelle ? 

On ne peut pas garantir que vous allez aimer le papier que vous achetez. Cependant, vous vous assurez une grande part de réussite avec l’achat d’un papier FAIT POUR l’aquarelle. Les mentions “dessin”, “croquis”, “huile” ou encore “mixed media” ne sont pas simplement commerciales pour le papier aquarelle. Elles sont indicatrices d’une recette de papier qui va permettre à l’aquarelle d’adhérer. 

De même, si c’est du coton, vous avez de grandes chances d’obtenir un bon papier. Mais il faut aussi qu’il y ait écrit COTON car aquarelle ne veut pas dire coton. Cela m’est arrivé. j’ai acheté du papier que je pensais être coton, je voulais y mettre le prix en plus, et une fois rentrée à la maison j’ai découvert que dans le rayon aquarelle, induite en erreur par la marque, j’avais pris un carnet “Sennelier mixed media”. Donc si COTON 100% n’est pas écrit en gros, c’est que ce n’est pas du coton 100%, car c’est clairement un critère assez vendeur pour être écrit en gros, de même si ce n’est pas écrit Papier AQUARELLE, c’est que le papier n’est peut-être pas conçu pour.

Au sein des papiers aquarelle, les comportements sont différents et il y a plusieurs critères de réussite, mais clairement, le collage, la composition sont propres à chaque fabricant. 

Un papier 300 grammes est également une bonne garantie mais attention, même du 300 grammes a besoin d’être fixé pour ne pas gondoler après séchage, et même du 300 grammes peut gondoler pendant la peinture et reprendre sa forme après séchage (c’est d’ailleurs pour ça que des artistes tendent le papier en le mouillant au préalable et c’est mon cas).

Après tout est question de goût et de techniques, vous n’aimerez pas la marque tout simplement.

Par exemple, le papier Arches a une odeur spéciale, il ne faut pas que ça vous dérange (et les chats adorent son odeur d’après une de mes amies artistes). Le Saunders Waterford a un grain fin assez texturé malgré tout, et un blanc un peu chaud. Le Lanaquarelle, que j’adorais, ne vieillit pas très bien et il n’est plus fabriqué. J’ai aussi testé Hahnemühle, et je n’aime pas du tout (c’est personnel mais je le trouve terne). Le Fabriano artistico montre trop de faiblesses en mouillé sur mouillé pour ma façon de peindre, mais je le trouve vraiment très très bien. 

En résumé

Je prends quoi comme papier pour l’aquarelle si je veux juste faire un carnet de croquis ? J’ai envie pour le croquis de faire du crayon noir mais aussi des petites touches aquarelle. Pour ma part, je prends du papier mixed media ou aquarelle grain fin (avec vraiment un grain fin). Si ce sont juste des détails à l’aquarelle, je prends le Rougier et Plé multitechnique. 

Si je veux peindre en mouillé sur mouillé ? pour des fusions ? pour des superpositions de couleurs en couches transparentes sans réactiver celles du dessous (glacis)? Je prends le papier coton et minimum 300 g.

Si je veux m’exercer ou faire des brouillons : je prends du 300 grammes cellulose.

Si je peins plutôt des détails ou des mini aplats en une seule couche, si je fais de la colorisation, le cellulose marche très bien.

Conclusion

Voilà, j’espère cette version 2024 de mon article sur le papier vous sera utile et qu’elle pourra vous accompagner au fur et à mesure de l’évolution de votre pratique. J’ai essayé de condenser les informations vraiment indispensables pour les débutants, mais aussi des critères importants pour quand on veut évoluer dans notre pratique artistique et dans l’apprentissage des techniques d’aquarelle.

Cette évolution est pour moi liée à la qualité du papier, bien plus qu’à celle des pinceaux et de l’aquarelle. Et c’est une fabricante d’aquarelle qui vous le dit. Ceci étant dit, je reste quand même persuadée qu’une aquarelle extra fine est aussi importante qu’un bon pinceau à lavis qui retient bien l’eau ou qu’un bon pinceau précision… mais ma pratique a beaucoup plus évolué en changeant de papier qu’en changeant d’aquarelle !

Faites marcher le réseau et demandez aux copines ou à la communauté aquarelle si elles veulent bien vous envoyer un échantillon papier ! Ou même, demandez dans les magasins qui vendent des échantillons papier ou qui en offrent. Certaines marques ne sont pas disponibles dans tous les magasins de loisirs créatifs et beaux-arts. N’hésitez pas à fouiller dans différents magasins et même à vous adresser à des sites en ligne.

Si vous avez une copine aquarelliste à qui vous avez envie de partager cet article de blog, n’hésitez pas, qui sait, elle acceptera peut-être de tester avec vous un nouveau papier, et vous pourrez ainsi vous partager une grande feuille de papier Arches !

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