Venez lire quelques historiettes écrites par la Merlette pour accompagner des illustrations peintes à l’aquarelle.
Il était une fois, dans un royaume pas si lointain, un château un peu particulier. C’était un château de potager.
Un soir de printemps, alors que la pluie battait les carreaux, que les figuiers du Jardin Royal embaumaient la cour, une jeune fille se présenta devant le pont-levis, bonne à essorer, comme un chien mouillé.
Sa très grande majesté royale la reine, très digne, invita la pauvrette à sa table. La pauvrette s’était introduite sous le nom de Princesse Irène des Quatre-Vents
Une princesse ! Quelle aubaine ! La reine souhaitait, en effet, depuis fort longtemps marier son fils adoré, son fils chéri, la prunelle de ses yeux, à une princesse digne de lui. Jolie et drôle. Mais une princesse tout de même.
Durant le dîner, au fur et à mesure que ladite princesse dévoilait ses charmes et ses atouts (elle avait la conversation intelligente, mais sans prétention, et le rire cristallin entrecoupé d’un petit bruit de cochon), le prince Hubertin avait l’air de plus en plus bête et énamouré.
La reine décida donc de faire passer une épreuve à la princesse. Au premier bâillement discret d’Irène, la reine l’emmena dans son lit le plus mignon et douillet : une cosse de petit-pois vide et recouverte d’un édredon.
Il était dit dans la famille royale, que jamais aucune princesse n’était parvenue à s’endormir dans cette cosse, bien qu’on n’ait jamais su pourquoi.
Alors, certes, si Irène était la princesse qu’elle prétendait être, elle passerait certainement une nuit affreuse, mais au moins elle aurait un heureux mariage.
D’après vous, l’histoire se finit-elle bien pour les deux amoureux ? (La réponse est dans l’illustration !)
D’après La princesse au petit-pois d’Andersen
Le long du Canal du Midi. C’était un mardi soir pluvieux. Malmenée par les flots, une coquille de noix tentait tant bien que mal de résister aux coups de vent et à la pluie torrentielle. Heureusement, comme souvent aux abords de Toulouse, la pluie repartit comme elle était arrivée : subitement. Ne restaient qu’une fine bruine et une douce brise soulevant des odeurs d’herbe mouillée.
À son bord, deux escargots et une musaraigne jetaient un dernier regard au ragondin qui venait de les sauver. Être engloutie par le Canal du Midi n’était pas dans les plans de cette drôle de compagnie.
Japon, péninsule de Kii.
Maître Kaishin portait mal son nom. Lui qui voguait avec tant de sérénité, et de grâce, sur les eaux entourant les monts sacrés shintos. Son nom évoque les tremblements de mer et les profondeurs sous-marines. Il aurait préféré s’appeler « Shizumi », autrement dit « mer calme ».
Il se rappelait ses années de jeunesse, quand il n’avait que quatre siècles, les longs voyages sur l’eau à travers le Japon. Puis un jour, guidé par un instinct indicible (sûrement un instinct de ragondin), il était parti.
La légende dit qu’il navigue toujours, sur son radeau, fièrement dressé, sur les eaux du Canal du Midi, autour de Toulouse. Et que, parfois, il vient en aide à des navigateurs égarés.
Être la plus grosse et le plus grande tortue du monde est une mission difficile pour notre gentille tortue luth.
Par exemple, il faut savoir s’équiper et avoir le bon matériel. Règle numéro un : il faut toujours avoir un ruban à mesure sur soi (ou une règle, mais une très grande règle). Au cas où une autre tortue tenterait de faire la plus maligne.
D’ailleurs, quand une nouvelle espèce de tortue pointe le bout de son nez un beau matin, notre tortue est décontenancée.
De une, cette tortue nage très haut, si haut, si haut dans la mer-au-dessus. Ensuite, elle est bicolore : la tête noire et le corps blanc. Quelle drôle de tortue ! Puis, elle ricane bêtement. Une tortue qui ricane ! A-t-on jamais entendu pareille absurdité ?
Mais la tortue luth est rassurée : après un rapide tour de taille de la nouvelle arrivante, elle demeure la plus grande. Et pour cause, la mouette rieuse n’est ni grande, ni une tortue.